19 juin [1740]
J'ai reçu, monsieur, votre lettre du douze, & vous avez dû recevoir deux paquets contenant plusieurs chapitres de suite de l'Anti-Machiavel, jusqu'au dix-huitième.
Voici aujourd'hui le 19e, le 20e, le 21e. Il n'y en a que vingt-six, ainsi vous ne devez pas perdre de temps.
Faites vos efforts, je vous prie, pour trouver un Machiavel d'Amelot de la Houssaye. Si vous n'en trouvez pas, envoyez moi l'italien imprimé à côté de la réfutation. C'est un livre fait pour être éternellement lu par tous les politiques & par tous les ministres: ils entendent tous l'italien, & de plus, cet assemblage des deux langues sera quelque chose de nouveau en fait de littérature. Le Machiavel a été imprimé en italien en trois volumes, peut-être même chez vous; vous pouvez aisément en détacher le Prince. Mandez moi à quoi vous vous résolvez, afin que j'y conforme la Préface dont on m'a fait l'honneur de me charger. Du reste, gardez moi le secret, comme je le garde à l'illustre auteur de cet ouvrage.
Je suis entièrement, monsieur,
votre très humble & très obéissant serviteur,
Voltaire