1739-03-09, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Joseph Thoulier d'Olivet.

Elegans et sapiens Olivete, Tullius ille laudum amator, nunc opinor gloriatur, quod ingenio tuo clarior, et diligentia tua accuratior prodeat.

Tullia nostra, Æmilia Du Chastelet, in omni genere artium instructa, et vera operum tuorum æstimatrix novo operi tuo gratulatur, et commentarios tuos enixe desiderat. Sed tibi fateor, notæ ad textum in ipsis paginis accommodatæ non illi displicerent. Arduum est et operosum, notas ad finem libri rejectas quærere. Ut ut est, vir doctissime incumbe labori tuo, et Ciceronem Olivetanum cum voluptate legemus. Hæc tibi scribunt Emilia et Volterius.

Le scazon ne m'avoit paru que plaisant et digne du personage. Cerbere est sans doute le nom de batême de ce misérable. C'est une âme infernale.

Un jour Satan pour éguaier sa bile
Voulut créer un homme à sa façon,
Il le forma des membres de Chausson
Et le pétrit de l'âme de Zoile.
L'homme fut fait, et Giot fut son nom.
A ses parents en tout il est semblable.
Son fessier large à Bissetre étrillé,
Devers st Jean doit être en bref grillé.
Mais ce qui plus luy semble insuportable
C'est que Paris de bon cœur donne au diable
Chacun écrit par Giot barbouillé.

On me fait espérer qu'on arrachera quelque satisfaction de ce monstre, ennemy du genre humain. J'avois de quoy le perdre, mais il eût fallu venir à Paris, et quitter mes amis pour un coquin. Mon cœur en est incapable, l'amitié m'est plus chère que la vengeance.

Esce que vous n'avez point reçu mon nouvau morceau sur Rome? Esce que vous ne l'avez point communiqué à l'abbé Dubos après l'avoir reçu de Tiriot? enfin n'avez vous pas envoyé à m. Dargental le petit essay?

J'ay de bonnes raisons pour penser que Silhon a fait le testament du Cardinal. L'abbé de Bouzeis n'y a plus de part que vous. Comment! cet abbé de Bouzeis écrivoit comme Pelisson! Son traité des droits de la reine est un chef d'œuvre. Son stile d'ailleurs est moins antique que celuy du cardinal. Les mots aucunement, d'autant que, si esce etc. ne se trouvent point chez Bourseis. Enfin j'attends mon Silhon pour confronter.

J'ay idée qu'on a écrit quelque chose pour prouver que le C. de Rich. n'a pas fait son testament. Faites moy la grâce mon aimable maitre de donner sur cela quelques instructions tuo addictissimo discipulo et amico

Voltaire