1738-10-22, de Voltaire [François Marie Arouet] à Maurice Quentin de La Tour.

Je vous fais mon compliment, mon cher confrère dans les baux arts, des grands succez que vous avez à Paris.
Je me flatte que vous voulez bien guider le graveur qui fait mon estampe d'après votre pastel. Quand vous voudrez venir à Cirey, vous y peindrez des personnes plus dignes que moy de vos crayons.

On vient de me confirmer ce que vous m'avez dit à Paris, que le Sr de Bonneval étoit l'auteur de je ne sçay quel mauvais libelle contre moy. Mais je suis plus persuadé que jamais, qu'il a fait un mensonge plus odieux encor que son libelle, quand il vous a dit que madame de Montmartel l'avoit encouragé à cette indignité. Je ne connois madame de Montmartel que par la réputation de sa vertu. Je ne connois Mr de Montmartel que par des services qu'il m'a rendus, et je ne connois Bonneval, que pour l'avoir veu une fois chez madame de Prie, où il m'emprunta dix Louis qu'il ne m'a jamais rendus.

Mandez moy je vous prie quand vous pouriez venir à Cirey. Je vous embrasse et je suis de tout mon cœur mon cher la Tour votre très humble et très obéissant serviteur

Mes compliments à Mr Berger.

Voltaire