10 aoust [1738]
Je reçois dans ce moment, mon aimable petit fils d'Apollon, une lettre de Mr votre père, et une de vous.
Le père ne veut que me guérir, mais le fils veut faire mes plaisirs. Je suis pour le fils; que je languisse, que je soufre, j'y consens, pourvu que vos vers soient baux. Cultivez votre génie mon cher enfant. Je vous y exhorte hardiment parceque je sçai que jamais vos goûts ne vous feront oublier vos devoirs, et que chez vous l'homme, le poète et le philosophe seront également estimables. Je vous aime trop pour vous tromper.
En allant ad astra n'oubliez pas Cirey. Grâce au génie de madame du Chastelet Cirey est sur la route. Elle fait grand cas de vous, et en conçoit baucoup d'Espérance. Elle vous fait ses compliments et moy je vous assure sans compliment et sans formule de L'amitié la plus tendre et de la plus sincère estime. Ces sentiments si vrais ne soufrent point du très humble et très..
V.