[13 July 1738]
2 les dissertations littéraires de Voltaire. Si vous pouvez, faites moi tenir ces dissertations de la marquise sur le feu, je suis très curieux de les voir. Voltaire ne se dément jamais, c'est un homme unique, ou j'ai le malheur d'avoir le goût bien dépravé, ou le déchaînement des badauds de Paris est bien cruel à son égard. Si nous étions encore dans les temps où les combats singuliers avaient lieux, je donerais un défi à tous ceux qui ne penseraient pas sur le sujet du digne et l'incomparable Voltaire de la fason dont je ne puis m'empêcher de penser de lui. Mandez lui que je suis au désespoir de m'approcher si près des frontiers de Cirey, et de ne le point voir. Ma destinée est semblable à celle du législateur d'Israel, il mena le peuple élu jusques au pais Iduméen sans y entrer. Mandez à Voltaire que ce ne sont point vos palais dorés, vos belles requinquées peintes de rouges et de blanc, vos prêtres empressés & vos petits maîtres ridicules que je souhaite de voir, je borne tout mes désirs à Cirey. La personne de Voltaire me tiendroit lieu du Royaume le plus florisant et le plus puissant de l'Europe. Les Français ne méritent pas de posséder un homme de son mérite, leurs yeux facinés sont éblouis de sa supériorité et de son génie universel. . . .