1738-05-18, de Voltaire [François Marie Arouet] à Bonaventure Moussinot.

Je reçois vos lettres.

Mon cher abbé toujours des remerciments à vous faire.
J'ay reçu la pendule bien conditionée, les ornements du vaze, et Les branches du lustre.

Envoyez nous aussi ce livre des principes de l'architecture et de la peinture.

Gardez le portrait je vous prie, et ne L'envoyez point à Cirey.

Je me flatte que mr votre frère ne me laissera jamais manquer des journaux et des feuilles du mois. Je luy serai bien obligé.

Je suis très affligé que mr de Reaumur n'en ait pas été cru. Pouriez vous savoir quel est mon rival heureux que je respecte sans envie?

Voicy un petit mot pour mr Clement que je le prie d'envoyer à mr de Gennes. Ce Gennes est cousu d'or, et, s'il radote, il radotte en Harpagon.

Mr le président Dauneuil rend aparemment quelque arrest [par] lequel il me condamne à n'être point payé de luy.

Mr d'Estain met mon argent sur une carte.

Mr de Richelieu m'oublie pour le Languedoc. Cependant il faudra peutêtre 9 ou 10 mille francs pour l'abbé Nolet, et pour le cabinet de phisique. Nous sommes dans un siècle, où on ne peut être savant sans argent.

Je ne suis point du tout fâché contre mr votre frère, qui m'a envoyé cet infâme almanach du diable, mais je voudrois savoir des nouvelles de l'auteur, et c'est un des plus grands services qu'on puisse me rendre. Je vous embrasse tendrement.

V.