1737-01-13, de Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise Du Châtelet-Lomont à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Votre amitié a été effrayée.
Ie n'en suis point surprise. I'ay eü vne lettre du 31 la poste même que i'ay reçu cette gazette et cependant ie ne pouuois m'empêcher d'auoir peur. Cependant il n'i a rien à craindre, il ne se portoit pas à la vérité trop bien, mais il n'étoit pas malade. P͞r la pucelle ie v͞s en répons, et c'est peutêtre la seule dont on puisse respondre.

Ie n'ay nulle part à cet article de la gazette et ie crois ni lui non plus, et il n'en a sûrem͞t pas à la broderie de Geruasi. Ses lettres sont prêt de 3 semaines à venir. Mon état est affreux, i'ay peur que cette gazette ne lui porte malheur. S'il alloit être réellem͞t malade ie la serois bien plus que lui.

Le cheureüil est sans doute ariué pouri. Ie mets au carosse qui partira mercredi de Bar sur Aube une petite boëte à votre adresse. I'espère qu'elle ariuera en meilleur état que le cheureüil et ie v͞s prie de la faire retirer exactement. Acusés m'en la réception. Adieu, aimés moi à proportion de mes malheurs.