1736-05-11, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Baptiste Nicolas Formont.

Mon cher ami, je vous ai envoyé une Alzire, avec l'épître dédicatoire à mad. la marquise du Châtelet.
Cette épître avait essuyé quelques contradictions auprès des bégueules titrées et non titrées: mais il me semble qu'elle doit réussir auprès des honnêtes gens. Le suffrage d'un homme qui pense est, par rapport aux cervelles non pensantes, comme l'infini est à zéro.

Mon cher ami, vous n'êtes point zéro à cet autre infini, mad. du Châtelet; et mandez lui si vous êtes content de l'épître.

Je vous ai aussi envoyé, par m. de Cideville, certaine ode sur la superstition, Si j'avais du temps j'en ferais une contre les procureurs et les avocats. J'ai trois procès, mon cher ami: j'enrage, et je vous aime. Ecrivez moi toujours. vous et m. de Cideville, à Paris, chez l'abbé Moussinot, cloître st Meri. Je n'ai pas un moment à moi. Vale.