Je vous envoye mon cher abbé votre quittance générale, assez inutile, mais la voylà toujours.
Je ne sçai pas pourquoy vous voulez que j'envoye tous les jours des reçus de si petites sommes à Pinga. N'a t'il pas un livre où il met tout cela, n'est il pas honnête homme, ne m'en remets-je pas à luy, n'a t'il pas de plus gros comptes à faire avec moy, ne vaut il pas mieux que vous soyez le maître absolu de tous ces arrangements?
J'accepte les Lancret et les Albanes, je vous diray quand il faudra les envoyer.
J'attends les 4 autres petites estampes pour Cirey. Pinga vendra les deux marots, puisque la querelle survenue entre Tiriot et Launay a rendu la chose impraticable.
Voicy une autre affaire mon cher abbé. Je voudrais sous le dernier secret avoir quelque argent [com]ptant chez un notaire discret et fidèle, qu'il [pû]t placer dans l'ocasion pour un temps, et que [je pu]sse trouver sur le champ en un besoin. [Je s]uis très mécontent du sr Perret. Il a deux [ex]cellentes qualitez pour un homme public [, il] est brutal, et indiscret.
N'avez vous point quelque notaire à qui vous pussiez vous confier? Il faudrait je crois que le tout fût sous votre nom. Vous me donneriez seulement un mot de reconnoissance sous seing privé. Voyez mon cher abbé si vous pouvez me rendre ce service. Le dépost sera petit à petit d'environ cinquante mille francs d'icy à deux ans, et peutêtre de davantage.
Mandez moy ce que vous aurez fait sur cela. Vous savez combien je vous aime et je vous estime et à quel point vous pouvez en tout compter sur moy.
V.
à Cirey ce 8 mars 1736