1735-12-31, de Élisabeth Sophie de Lorraine, duchesse de Richelieu à Germain Louis Chauvelin.

Vous craindrez que j'aÿe affaire à vous monsieur.
Voilà de quoy je meurs de peur de vous persécuter mais au fond il n'est point si fâcheux d'auoir des nouvelles de ces amis d'autant que je ne vous demande que ce que vous voulez bien m'acorder. Mr le procureur général a dit qu'il auoit été pour auoir l'honneur de vous parler le jour du te deum. Il ne vous a point trouué ainsi il atend vos ordres. J'ay lieu d'espérer qu'il est aussi bien disposé que vous me l'auez bien voulu dire pour le pardon de mon malheureux Voltaire. Ainsi tout dépend d'un mot de vous et de vouloir bien aranger cette affaire auec monsieur le procureur général. Ayé donc la bonté de le voir et de la finir auant Fontainebleau s'il est possible. Je n'atend de vos nouvelles que pour me donner vos ordres sur ce que vous voulé que je fasse et m'aprendre votre bonté d'acorder le pardon à ces malheureux. Ayez aussi celle de me mender si vous este content du modèle de lettre en désauœu que je vous ay donné et si vous voulé que je le fasse écrire come cela à Voltaire ou ce que vous y voulé retrancher ou augmenter. Vous voyé monsieur combien je compte sur votre amitié dans cette occasion et dans toute celle de ma vie. Je vous prie aussi de ne pas doupter de ma reconoissance et de la sincérité de celle auec laquelle j'ay l'honneur d'estre monsieur votre très humble et très obéissante seruante

Eli. de Lorraine dch de Richelieu

Oseroije vous suplier aussi de me mender si le retour de mr de Richelieu est toujours pour le 28 ou 29 de ce mois et où va son régiment?