1735-11-14, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Antoine de La Place.

J'ai reçu, monsieur, à la campagne où je suis depuis quelques mois, & où je compte rester encore du temps, la lettre dont vous m'avez honoré, & les vers aimables qui l'accompagnent.
De quelque main qu'ils soient, ils annoncent beaucoup de goût, & de génie, deux choses rares même séparément, & encore plus rares à trouver ensemble. Ma passion pour les belles lettres me rend ami de quiconque les cultive: personne ne me paraît avoir plus de droit à mon amitié & à mon estime que vous, monsieur, dont la jeunesse & les talents donnent tant d'espérance. Vous n'avez pas besoin qu'on vous exhorte à les cultiver. Je n'ai que des louanges à vous donner & des remerciments à vous faire. Je suis avec ces sentiments,

Monsieur,

Votre très humble & très obéissant serviteur,

Vol…