1734-08-20, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean Charlotte de Viart d'Attigneville, comtesse de La Neuville.

Ne soyez donc plus malade, madame, ne soyez point grosse, & daignez me tenir compte de l'effort que je fais en n'allant pas sitôt vous voir.
Voyez comme je préfère à mon plaisir, des engagements qui me sont devenus des devoirs! J'attends ici tous les jours des ouvriers. Je suis moi même le piqueur de ceux qui travaillent. J’écris leurs noms chaque jour dans un grand livre de comptes; jusqu’à ce que j'aie quelqu'un qui me soulage, je ne peux quitter. Plaignez moi d'avoir entrepris un ouvrage qui m'arrache au plaisir de vous faire ma cour. Vous êtes très bien avec madame du Chastelet, mais vous y serez encore mieux quand elle viendra dans son château. Vous savez bien que plus on vous voit, plus on vous aime. C'est une vérité que vous m'avez fait connaître par mon expérience. Permettez moi de vous prier d'entretenir la bonne volonté qu'on a pour moi à la Neufville. A l’égard de celle de ma femme, je m'en remets à la providence & à la patience de C..u.