1730-12-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean François Du Bellay Du Resnel.

Mon cher abbé c'est bien mal reconnoitre votre présent, que de vous envoyer Mariamne et Œdipe.
Mais l'esprit de tolérantisme, qui règne dans votre essay sur la critique, et que j'aime en cela, comme en fait de relligion, me donne un peu de hardiesse.

Cœur remply de droiture, esprit plein de justesse, doux et compatissant pour les fautes d'autruy, voylà comme vous êtes, monsieur l'abbé l'abbé Walsh, et voylà comme il faut que vous soyez pour moy. En vérité, vous avez embelly Pope, et je ne connois que vous dans Paris capable de ce que vous avez fait; plus je vous lis, et plus je vous vois, plus je souhaitte avec passion votre amitié et votre estime. Pardon mon cher amy, si je ne viens pas vous dire chez vous tout ce que vous m'inspirez. Je suis lutiné par une mauditte affaire, qui ne me laisse pas un instant de tranquillite; adieu, je vous embrasse mille fois.

V.