1724-03-22, de Voltaire [François Marie Arouet] à Prosper Marchand.

Si j’étois aussi exact que vous, vous attendriez long temps ma réponse.
Je vous écrivis après ma petite vérole et je n'ai pas eü la moindre nouvelle de vous. Je vous mandai que touttes les planches étoient presque finies et que j'alois commencer le plutôt qu'il me seroit possible l’édition que j'ai promise et qui sera baucoup plus belle que je ne l'avois annoncée; l’édition qui paroit depui peu est faitte d'après une mauvaise copie qu'on m'a volée; elle est pleine de fautes et de lacunes, et heureusement pour moi, elle n'a servi qu’à faire souhaitter ma grande édition par tout le monde. Je vous suplie de me mander au juste ce que vous avez de souscriptions. Il m'est très important de la savoir. Ne craignez point de m'efraier par le petit nombre; moins il y en aura et plus je serai content. Je voudrois même que les souscripteurs voulussent reprendre leur argent, attendu que le livre vaudra pour le moins vingtcinq florins; mandez moi aussi comment je doi m'y prendre pour avoir un Rapin de Toiras. Je vous aussi prié de m'envoier un petit mémoire de ce que je vous dois.

Adieu Monsieur, j'attens de vos nouvelles et suis de Votre paresse le très humble serviteur

Voltaire