1722-06-30, de Voltaire [François Marie Arouet] à Marguerite Madeleine Du Moutier, marquise de Bernières.

Vous avez grand tort de vous imaginer que je ne vous ai écrit que parce que j'avais besoin de livres; je vous assure que je penserois à vous quand il n'y auroit jamais eu de Virgile ni d'Homere au monde.
J'ai une impatience bien vive de venir habiter les murailles ébranlées de mon grenier que je préfère de tout mon cœur au palais doré où je suis et surtout à la cohue qui y est au moment que je vous écris. Je ne mande rien à notre cher Tiriot aujourd'hui parce que les gens de mr de Richelieu qui va partir me pressent. J'ai reçu ses livres avec votre lettre. Je l'exhorte à persister dans son indignation contre les modernes et à écrire ce qu'il m'a promis. Si ma chambre étoit preste je serois déjà chez vous; mandez moi si je peux y touver un lit et je vous répons de partir sur le champ. Je vous aime de tout mon cœur.