à Chatenay ce 12 juin [1718]

Milord,

Vous êtes une divinité à qui j'ay recours ordinairement dans mes tribulations.
Souvenez vous qu'autrefois vous m'avez prêté deux chevaux. Je vous demande àprésent la moitié de cette grâce. Ayez la charité de confier un de vos coursiers au porteur. J'aurai l'honneur de vous le renvoyer dans quelque jour; si vous ne pouvez point me prêter de cheval, pardonez moy du moins la liberté que je prends de vous le demander.

Je suis toujours avec bien du respect et de la reconnaissance

Milord

Votre très humble et obéissant serviteur

Arouet de Voltaire