1849-03-31, de Louis Pasteur à A MADEMOISELLE MARIE LAURENT..

Mademoiselle, Depuis deux jours tout a changé pour moi. Mon avenir, on bonheur sont à présent entre vos mains. Tout ce que ]e regrette et que je regrette sincèrement c'est de n'être pas plus digne de vous, c'est de n'avoir pas à vous offrir bien des qualités qui me manquent tout à fait, une position plus belle, mais que j'essaierai d'améliorer par les plus grands effrts. Je ne laisse pas toujours voir le plaisir que j'éprouve, maIS c'en a été un très grand pour moi d'apprendre que vous aimiez Paris et que vous désiriez y retourner. C'est

aussi mon rêve. C'était mon ambition pour moi; ce sera maintenant mon ambition pour vous, et je serais bien heureux si dans quelques années nous pouvions y retourner dans une position avantageuse. En disant nous, je traduis mon désir, mais peut-être pas ma pensée. Je suis si inquiet sur vos premiers sentiments, sur vos premières impressions, et je redoute tant qu'elles me soient trop défavorables.

Tout ce que je vous demande, Mademoiselle Marie, c'est de ne pas me juger trop vite : vous pourriez vous tromper.

Le temps vous dira que sous ce dehors froid et timide qui doit vous déplaire il y a un cœur plein d'affection pour vous et dont tout le bonheur sera dans votre estime et dans votre amitié sincère.

Adieu. Votre meilleur ami, Louis PASTEUR.