Lausanne, 28 avril 1812
Tu le vois, mon ami, je suis tes traces et celles de Saint-Preux ; je visite en passant ces lieux classiques pour les amants. Je déjeune à Vevey, je salue Monlreux et Chillon et les rochers de Meillerie, qu'un ingénieur barbare n'a pas respectés pour ouvrir une route au Simpion ; enfin je viens souper à Lausanne, et probablement m'y arrêter quelques jours. C'est de là que je t'écris, après avoir fait déjà le tour de la ville et des faubourgs, et avoir admiré vingt fois ce beau lac qui est à mes pieds. Quel pays, mon ami, quelle vallée, quelles montagnes, quels horizons, quelles délicieuses collines ! Comme tout cela réveille dans l'âme ce vague désir d'amour et de bonheur qui nous tourmente !
Je change d'avis : je pars ce soir de Lausaune ; je prends un petit char-à-bancs et vais coucher à Rolle et demain à Genève. Je te quitte pour aller dîner chez un Lausannais que je n'ai jamais vu, mais qui me fait politesse parce que j'ai voyagé avec un de ses parents. La voiture vient me prendre chez lui, et je vais côtoyer le lac fantasticando.
A propos de lac, en venant au Simplon, j'ai passé au lac Majeur et vu les îles Borromées. Fais-en autant.
Adieu pour aujourd'hui.
A. DE LAM.