1809-03-13, de Alphonse de Lamartine à Aymon de Virieu.

Quelle bonne idée tu as là, mon cher ami! Concourons à Besançon. Mille francs, morbleu ! quel stimulant pour de pauvres diables qui n'ont pas le sou ! El puis de la gloire, et puis par-dessus tout un but de travail, qui ne peut que nous être dans ce moment-ci d'une extrême utilité! Concourons, concourons ! conflit, conflit !

Dès que je reçus la lettre, je me décidai; j'y vis mille genres d'utilité, et je pensai, je sentis que peut-être nous aurions les prix entre nous trois, car il faut engager Guichard à en être, absolument. Travaillons séparément; nous ne pourrions pas, comme tu le dis, faire différemment, nous sommes trop loin ; mais ne nous relâchons pas que cela ne soit fait de notre mieux! Que toutes nos discussions roulent là-dessus ! consultons-nous, corrigeons-nous, donnons-nous mutuellement des idées.

J'ai déjà parcouru le président Hénault et je choisis la fameuse querelle des ducs de Bourgogne et d'Orléans, sauf meilleur avis. C'est dans le règne de Charles VI. Qu'en penses-tu ? et que prends-tu? Écris-moi longuement là-dessus. Ça fera tort à l'italien, mais qu'importe ! Si tu savais aussi quelque prix de poésie, mande-le-moi ; mais cela ne serait qu'un délassement. Mon morceau me semble brillant : que de portraits, que de conjurations, que d'assassinats, que de parallèles, que de trahisons, que de crimes, que de querelles ! Peut-être un peu trop, mais, comme dit Panurge, ce qui abonde n'est pas vice.

Envoie-moi ton plan de comédie, et j'en ferai un proverbe ou un vaudeville. Je te dirai mon avis. Adieu, je vais me mettre à l'ouvrage et je suis très-pressé. — Amitié, constance, étude. — Post gloriam lucrum. — 0 âme vile !

ALPH. DE LAMARTINE.