1778-01-09, de Marie Louise Denis à François Tronchin.

Nous sommes ici, Monsieur, aumilieu des neiges.
Ma petite santé ne me permet plus de sortir du coin de mon feu, ce qui m'empêche d'avoir L'honneur de vous voir, et Madame Tronchin. Nous passons notre vie, nos nouveaux mariés, mon oncle et moi dans une grande solitude, mais je vis avec des gens heureux et cela contribue à rendre ma vie douce.

Nous ne voions guères que de la neige et des notes. Madame la marquise de Villette veut être musicienne. Elle apprend à jouer du clavecin et voudrait en avoir un dans sa chambre. Elle vous supplie donc de permettre d'envoier chercher celui que vous avez chez vous dont je crois vous faites peu d'usage et de prendre en pitié de pauvres campagnards qui n'ont que cette ressource.

Quand le temps sera plus doux j'espère que nous nous rejoindrons et que je pourrai vous renouveler les sentimens tendres et inviolables avec les quels j'ai L'honneur d'être, Monsieur, Votre très humble, et très obéissante servante

Denis

Mon oncle me Charge de vous présenter ses hommages et à Madame Tronchin. Les nouveaux mariés me prient de vous présenter Leurs respects. Ils s'aiment tous deux passionnément. J'ai tout lieu de croire qu'ils seront aussi heureux qu'on peut espérer de l'être dans ce monde ci.