1777-03-07, de Col. — de Geoffre-Chabrignac à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur,

Je vous prie de regarder Le petit hommage de vin que monsieur Lulin De Lagrange vous a remis de ma part, comme un témoignage de mon attachement, et un moyen que j'ai crû propre pour concourir à la durée d'une vie qui intéresse à tant de titres La France, et j'ose dire toute L'Europe.
C'est un Cordial naturel dont je puis vous Certifier La franchise, ainsi que Les heureux effets sur plusieurs de nos concitoyens qui employent gaiément Ce spécifique pour devenir Centenaires. Quelle ne serait pas ma satisfaction, monsieur, si je pouvais m'aplaudir d'avoir contribué à vous faire dépasser cet terme? et quel titre n'aurai-je pas à La reconnoissance de mon siècle et de ma patrie? Cet sucès m'honorerait et me flatterait plus que L'assaut de dix Cascades de Cassel.

Ayant eû Lieu de Craindre que le vin qui vous est parvenû ne répondit pas par sa qualité à mes désirs l'année ne s'étant pas trouvée bonne, j'ai prié Mr de Lagrange à qui j'en ai fait un autre envoy de vous en faire passer quelques bouteilles; je serais véritablement enchanté s'il pouvait remplir mon objet et vous être un gage agréable des sentiments de vénération et du vif et respectueux attachement avec Lesquel j'ai L'honneur d'être

Monsieur

Votre très humble et très obéissant serviteur

de Geoffre-Chabrignac Colonel en sd du régiment de Barois