1776-05-17, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Louis Claude Marin.

Vous voiez, Monsieur, qu'il y a une providence.
Nonseulement j'ai enterré dans la même année La Beaumelle et Catherin Fréron, mais j'ai reçu une invitation de me trouver aux obsèques de Catherin. Une femme qui est ou sa veuve, ou sa proche parente, m'a écrit une Lettre anonime assez bien faitte, pour me prier, nonseulement de pardonner au défunt, mais encor de marier sa fille, attendu que j'ai marié la petite fille de Corneille. J'ai répondu que si Catherin Fréron est l'auteur du Cid et de Cinna, je doterai sa fille sans difficulté.

Il n'y a pourtant pas d'apparence que j'aille à Paris pour faire la noce, je suis trop vieux et trop malade, mais je donnerai ma procuration à Mr L'abbé Sabotier. Si je pouvais faire le voiage ce serait pour vous embrasser. J'aimerais bien mieux souper avec vous que de marier Mlle Fréron.