1775-04-07, de Charles de Brosses, baron de Montfalcon à Armand Thomas Hue de Miromesnil.

Monseigneur,

En 1758, j'ay remis à M. de Voltaire le bail à ferme d'une de mes terres, tel que l'avoit alors le fermier précédent; mais c'étoit un vrai bail à vie pour M. de Voltaire.
Nous convînmes qu'il m'en payeroit dix années du prix annuel du bail (ce qu'il fit), et que, soit qu'il n'en jouît plus, soit qu'il en jouît moins de dix ans, il n'y aurait de part ni d'autre, ni augmentation, ni restitution sur la somme. Au lieu de dix ans, il en jouit depuis dix-sept, en quoi il fait et fera bien. Si j'y perds déjà sept années de revenu, c'est pur jeu de hasard, où il faut bien que l'un des deux joueurs perde.

Je n'ai encore aucune discussion avec lui, quoique avec grand lieu d'en avoir pour les ravages qu'il a faits dans ma terre, dont il a été fort éloigné d'user, selon les termes de notre traité, en bon usufruitier et en père de famille. Quand il en sera temps, on verra s'il a rempli ou non les diverses obligations qu'il a contractées par l'acte; et ce sera, ce me semble, lors de cette reconnoissance préalable, qu'il sera temps aussi de terminer par jugement ou par arbitres.

Je suis avec respect, etc.