1774-12-31, de Achille Pierre Dionis Du Séjour à Voltaire [François Marie Arouet].

Monsieur, il est juste de rendre à César ce qui appartient à César. D'après ce grand principe de morale personne n'a plus de droit que vous à l'ouvrage que j'ai l'honneur de vous présenter. Vous verrez en effet que ce n'est qu'un commentaire sur la vérité que j'ai prise pour épigraphe, & que vous avez su exprimer en si beaux vers. Je n'ai d'autre mérite que d'avoir rendu sensible, dans 400 pages, ce que vous avez exposé dans deux lignes. Vous avez encore un autre droit à cet ouvrage, c'est l'intérêt que vous devez prendre à la stabilité de l'univers. Qu'importe en effet au vulgaire des hommes la durée de cette terre pourvu que la révolution qui doit la détruire n'arrive pas dans l'instant précis de leur existence passagère? Tout le reste leur est à peu près indifférent; mais vous, monsieur, dont la réputation durera autant que ce monde, vous avez un tout autre intérêt à la stabilité de la terre, & vous devez accueillir un ouvrage dans lequel cette stabilité est établie.

J'ai l'honneur d'être, avec le plus profond respect, monsieur, votre très-humble, &c.