1774-02-28, de Voltaire [François Marie Arouet] à Paul Claude Moultou.

Mon cher philosophe, je ne savais pas que vous eussiez été malade, mais je n’aurais pas pu vous venir garder car je ne sors guères de mon lit.
J’aurais voulu me partager entre vous et Made De Florian. J’invoque sainte Higée pour vous, pour Made De Florian et pour moi.

Je vous renvoie la triste et véridique Lettre de Mr De Lamur. Il n’y a autre chose à faire, comme vous savez, que d’attendre tranquilement l’arrêt du destin. Ni médecins, ni chirurgiens même n’ont jamais pu arrêter le ciseau d’Atropos, ils l’ont quelquefois afilé.

J’écrirai à l’abbé Mignot, non pas qu’il favorise une partie plutôt qu’une autre, mais pour qu’il raporte et qu’il juge au plutôt. Il faut certainement que l’affaire ne soit pas prête puis qu’il ne la raporte pas car je vous réponds qu’il est expéditif; Perrin Dandin ne se levait pas de si bon matin que lui.

Vous savez que la chicane des plaideurs met quelquefois des entraves à la célérité des décisions.

J’ai bonne opinion de l’affaire de vôtre protégé puisqu’il demande à être jugé.

Je vous embrasse bien tendrement, mon cher convalescent.

Ces prétendus vers sur la vieillesse sont apparemment tirés d’une Lettre que j’écrivais à Made Du Deffant. Elle les a fait courir, ils sont imprimés par tout. Si je les retrouve j’aurai l’honneur de vous les envoier.

V.