le 17 janvier 1774
M. Misopriest, monsieur, a reçu votre lettre du 2 janvier.
Il a écrit sur le champ à s. m. Il lui demande très instamment un congé d’un an pour vous. Il est d’ailleurs instruit de votre situation, et a promis d’avoir soin de vous. M. Misopriest lui répond que vous lui ferez de très belles recrues dans le pays où vous devez rester quelque temps pour vaquer à vos affaires. C’est à une lieue de la Suisse, de la Savoye, de Genève et de la Franche-Comté. Vous y serez aussi en sûreté qu’à Vézel.
Ne vous adressez ni à père ni à frère. Si vous avez besoin de quelque argent pour aller de Vézel à Genève, vous pourrez en prendre sur cette simple lettre chez m. Marc-Michel Rey à Amsterdam qui sur ma signature (Voltaire) vous fournira ce petit viatique avec sa générosité ordinaire, et auquel je rembourserai sur le champ cet argent par la voie de Genève. Vous n’aurez pas la plus légère dépense à faire dans le château de Ferney. C’est à vous à voir, monsieur, si vous voulez écrire aussi au roi. Je lui demande un congé d’un an. Je lui promets des recrues. Je lui parle de la passion que vous avez pour son service. Tout serait manqué s’il nous refusait ce congé. C’est de là que dépend votre destinée à laquelle je m’intéresse bien vivement.