25 9bre 1773 à Ferney
Je vous prie, monsieur, de me pardonner si je ne vous ai pas remercié plus tôt de l’agréable lettre que vous voulûtes bien m’écrire le dix du mois.
Un vieillard octogénaire, malade, remplit mal ses devoirs. J’étais assez mal, et votre lettre s’était égarée. Je l’ai heureusement retrouvée; j’en ai senti tout le prix, et moins je mérite les sentiments que vous me témoignez, plus je vous en dois de reconnaissance.
Il est trop vrai qu’on voit souvent de cruelles infortunes. J’ignore la cause de celle de ce curé de St Julien, pour qui je viens encore d’écrire à mr De Lacoré. Sa sœur même qui est supérieure de l’hôpital de St Claude n’a pu me dire quelles fautes on lui imputait. Je sais seulement qu’il souffre depuis quatorze ans, et cela seul peut faire excuser la liberté que j’ai prise.
Permettez moi de présenter ici mes très sincères hommages à monsieur Ethis, s’il est à Besançon.
J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments d’estime et de confiance que vous m’inspirez, votre très humble et très obéissant serviteur.
Voltaire
Voici donc, monsieur, ma signature que j’avais oubliée.
J’écris à Monsieur de Lacoré pour le remercier de son humanité envers ce pauvre curé que je ne connais que par ses malheurs. Je vous félicite, monsieur, de travailler sous un magistrat si bienfaisant, et je le trouve heureux de vous avoir auprès de lui.
V. t. h. ob. s.
V.