A Ferney, 24 septembre 1773
Un octogénaire très malade, monsieur, & qui bientôt ne parlera plus aucune langue, vous remercie bien sensiblement du profond ouvrage que vous avez eu la bonté de lui envoyer sur la langue française.
Il paraît que ce n’est pas le seul langage que vous connaissiez à fond. Vous trouverez peu de lecteurs aussi instruits que vous: tout le monde s’en tient à la routine & à l’usage. Votre livre ramène à des principes puisés dans la nature, & qui pourtant exigent une attention suivie. On ne peut lire votre ouvrage sans concevoir pour vous beaucoup d’estime, & sans être étonné des peines que vous avez prises.
L’état où je suis ne me permet pas de donner plus d’étendue à mes réflexions, & aux sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être, monsieur,
Votre, &c.
Voltaire gentilhomme ordinaire de la chambre du roi