4e janv: 1773
Je supose, Monsieur, qu’une Lettre de la rue st Roch, et du bureau de la gazette est de vous, dumoins je le présume par le stile, car il y a bien des écritures qui se ressemblent, et personne ne signe. Vous devriez mettre un C, ou tel autre signe qu’il vous plaira pour prévenir les méprises.
Je supose donc que Madame vôtre mère à un procez, et j’écris sur le champ au gros doyen mon neveu. Vous êtes obéi dans tous les autres points. Il s’est trouvé un honnête homme nommé l’abbé de Masan qui rend aux assassins du chevalier de Talonde et du chevalier de La Barre, toute la justice qui leur est due dans des notes assez curieuses de l’édition qu’on fait à Francfort d’une Tragédie nouvelle. C’est dommage que cet abbé De Masan, cousin germain de l’abbé Bazin, n’ait pas su l’anecdote du sr De Meneville De Beldat; mais ce qui est différé n’est pas perdu. L’ouvrage d’Helvétius est celui d’un bon enfant qui court à tort et à travers sans savoir où, mais la persécution contre lui a été une des injustices les plus absurdes que j’ai jamais vues.
Il y a un Monsieur de Belguai, ou de Belleguerre, qui a composé pour les prix de l’université selon vos vues. C’est un ancien avocat retiré. J’ai lu quelque chose de son discours. Celà est si terrible et si vrai que j’en crains la publication.
Soyez sûr, Monsieur, que je ne mérite point du tout l’honneur qu’on m’a fait de me mettre audessus de Sophocle en phisique. C’est une mauvaise plaisanterie qu’on a faitte mal à propos sur une très belle demoiselle, qui n’est pas assez sotte pour s’adresser à moi.
Mille respects.
V.