1772-01-06, de Voltaire [François Marie Arouet] à Jean François Marmontel.

Je regrette Helvétius avec tous les honnêtes gens, mon cher ami, mais ce que ces pauvres honnêtes gens ne peuvent faire à Paris, je l’ai toujours fait au mont Jura.
J’ai crié que les pédants absurdes, insolents et sanguinaires, ces bourgeois tuteurs des rois qui l’avaient condamnés, et qui se sont souillés du sang du chevalier de La Barre, sont des monstres qui doivent être en horreur à la dernière postérité. J’ai crié, et des têtes couronnées m’ont entendu. Je n’avais cependant pas trop à me louer de cet innocent d’Helvetius.

Je vous prie d’embrasser pour moi Monsieur D’Alembert, Mr Duclos, Mr Thomas, Mr Gaillard, Mr Du Belloy, et tous ceux qui veulent bien se souvenir de moi dans l’académie.

Je vous enverrai par cet Emeri, ce que vous voulez bien avoir. Je serai bien fâché de mourir sans causer avec vous.