1772-12-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gabriel Cramer.

Eh mon Dieu! cette pauvre feuille G. Il y a tant de choses à corriger, on est sur les épines, on craint d'avoir été trop hardi; il ne faut pas troubler son repos pour si peu de chose.

Vous avez l'épitre à Boileau, elle doit précéder celle à Horace; il y aura cinq ou six vers à corriger dans cette dernière. Tout est plein d'anicroche dans ce monde.

Ces pauvres gens qu'on a tués à la comédie crient vengeance au ciel. On n'avait jamais tué du monde au spectacle que sous Théodose, et de cette belle affaire là il fut six mois sans entendre la messe, ce qui est une terrible pénitence. Nous verrons celle que feront les Echevins de Marseille.

Mr Christin me demande à cors et à cris une histoire de Russie. Je suplie Monsieur Cramer de vouloir bien ordonner qu'on en cherche une éxemplaire broché que je lui enverrai par les montagnes.