1771-12-02, de Voltaire [François Marie Arouet] à Alexandre Marie François de Paule de Dompierre d'Hornoy.

Puisque vous me répondez corps pour corps du curé de st Roc, mon cher ami, et que je suis épaulé par un soudiacre, je puis donc hazarder le sacrement; mais si vôtre fils est jamais damné je le mets sur vôtre conscience.

J’écrirai à Monsieur De Magnanville et à Madame sa mère sur l’union sacrée que vous mettez entre nous.

Florian vient d’arriver à Ferney. Nous espérons tous que vous donnerez vôtre liquidation comme les autres. Il faut finir cette affaire. C’en serait trop que de perdre sa place et son argent.

Je me flatte que Dupuits ira passer quelques jours avec vous. Il court aprês des places qu’il mérite et qu’il n’est pas infiniment aisé d’obtenir. Plus il sera connu, plus il aura de protecteurs.

Vous savez sans doute la funeste nouvelle de l’assassinat du Roi de Pologne. Heureusement il en est quitte pour un coup de sabre à la tête, et pour un coup de fusil qui ne sont pas mortels. Les bontés dont il m’honore augmentent la sensibilité que doit causer un tel évênement.

Bon soir mon cher ami; je suis toujours bien faible, et plus homme à extrême onction qu’à batême. Mille tendres compliments à Madame d’Hornoy; mille souhaits pour son heureux accouchement, et pour le bonheur de toute sa famille.