Ferney, le 8 9bre 1771
Le vieux malade dont monsr l’abbé Duvernet daigne être l’historien, n’a pas été en état de le remercier plus tôt.
Comme on ne fait guère l’histoire des gens qu’après leur mort, il est à croire que monsieur l’abbé sera bientôt dans les règles. Le vieillard est mourant ou à peu près, et probablement son curé l’aura dûment enterré avant que l’ouvrage puisse paraître.
On me manquera pas d’envoyer en attendant tout ce que mr l’abbé a la bonté de demander. S’il pouvait venir faire un petit tour à Ferney, il serait à portée de lire beaucoup de choses et de jeter de l’eau bénite sur le corps du défunt qui se recommande à ses prières.
Mr de Lacondamine sait l’histoire de Pelletier-Desforts et de la loterie de 1729; il était alors mon ami et n’avait point encore fait de voyage dans le nouveau monde. Il ne connaissait point encore Labeaumelle. Rappelez lui la parade de l’Arménien chez madame Dufaï, qui nous aimait tous deux. Ce fut chez elle que pendant tout un souper je fus la dupe de notre arménien français. Je me souviens très bien que je finis par l’embrasser et par le remercier de beaucoup de choses qu’il m’avait apprises en plaisantant.
Je suis &a.