2 de mars [1771]
Mon cher philosophe ne m’a point répondu quand je lui ai demandé s’il avait reçu trois volumes par la voie de m. Marin, je le prie instamment de vouloir bien m’en informer.
Je hasarde enfin de lui envoyer l’Epître au roi de Danemarck, avec un peu de prose versifiée, adressée à lui même. Ce n’est pas trop le temps de s’occuper de ces coïonneries, mais j’aime mieux m’égayer sur les excréments de la littérature, que sur d’autres excréments.
Je supplie mon cher philosophe de ne donner aucune copie des fadaises à lui envoyées. Il peut les lire tant qu’il voudra à ses amis, mais il ne faut pas mettre le public dans sa confidence.
Voilà donc une quatrième place à remplir, donnez la à qui vous voudrez; pourvu que ce ne soit pas à ce fripon de nasillonneur, je suis content. Demandez à Lalande, qui est voisin de ses terres, s’il n’est pas célèbre dans le pays par les rapines les plus odieuses. M. de Condorcet pourrait il succéder à m. de Mairan? Il n’a rien fait, dira-t-on; tant mieux: nous avons plus besoin de gens qui jugent, que de gens qui fassent.
Je n’ai rien à dire sur tout ce qui se passe aujourd’hui; tout ce que je puis me permettre, c’est de détester du fond de mon cœur les assassins du chevalier de la Barre jusqu’au dernier moment de ma vie. C’est ainsi que je vous aimerai.