Monsieur,
Vous m’avez envoié un ouvrage dicté par l’humanité et par l’éloquence.
On n’a jamais mieux prouvé que les juges doivent commencer par être hommes, que les suplices des méchants doivent être utiles à la société, et qu’un pendu n’est bon à rien. Il est vrai que les assassinats prémédités, les parricides, les incendiaires, méritent une mort dont l’apareil soit effroiable. J’aurais condamné sans régrets Ravaillac à être écartelé, mais je n’aurais pas livré au même suplice celui qui n’aurait voulu, ni pu, donner la mort à son prince, et qui aurait été évidemment fou. Il me parait diabolique d’avoir arquebuser loialement l’amiral Bing pour n’avoir pas fait tuer assez de Français. La mort de la maréchale d’Ancre, du maréchal de Marillac, du chevalier de La Barre, du général Lally me paraissent….. ce qu’elles vous paraissent.
Je me sens le très obligé de quinconque écrit en citoien, ainsi, Monsieur, je vous ai plus d’obligation qu’à personne.
J’ai l’honneur d’être avec toute l’estime que vous méritez, et avec bien de la reconnaissance
Monsieur
Vôtre très humble et très obéissant serviteur
V….
28e xbre 1770