1770-11-16, de Voltaire [François Marie Arouet] à Pierre Paul d'Ossun, marquis d'Ossun.

Monsieur,

Je suis confus de vos bontéz.
Je vois que vous êtes en Espagne le protecteur de tous les Français et toutte ma petite colonie est devenue française. J’ay remis aux entrepreneurs de la fabrique les mémoires dont votre Excellence a bien voulu m’honorer. Ils sont à vos pieds, ils ne manqueront pas d’écrire à Mr Camps et de lui faire un envoy. Votre excellence me permettra t’elle d’abuser de sa protection au point de lui adresser le paquet à elle même par le premier courier que Monsieur le Duc de Choiseul lui dépêchera?

Ils me font espérer que Mr Camp sera très content d’eux. Ils n’ont pas laissé de faire quelques affaires à Cadix par Marseille et par Bayonne depuis qu’ils sont établis chez moy. Il y a tout lieu de croire que cette fabrique réussira, et ce sera à vos bontés monsieur qu’ils en auront la principale obligation.

Si vous avez quelques ordres à leur faire parvenir et si vous daignez encor les honorer de quelque mémoire, je vous supplierai de vouloir bien ordonner qu’ils partent sous l’enveloppe de Monsieur le duc de Choiseul ou sous celle de son premier secrétaire Mr de la Ponce pour plus de sûreté.

Il ne me reste qu’à vous faire les plus sincères et les plus vifs remerciements.

J’ay l’honneur d’être avec autant de respect que de reconnaissance

Monsieur

de votre Excellence

le très humble et le très obéissant serviteur

Voltaire