1770-10-15, de Voltaire [François Marie Arouet] à Gabriel Cramer.

Il est bien douloureux de ne recevoir ni A ni B du gros Suisse, et encor plus de ne rien espérer de Paris; mais après tout le reste de la France et l'Europe pouront consoler.
J'ai peur qu'en éffet il n'y ait dans ces trois volumes bien des choses qui allarment les fanatiques. Le reste est bien pis. Mais plus la sauce est piquante mieux le poisson se vendra. Ce n'est pas la peine de se gêner pour des gens qui vous gêneront sur tout. Leur impertinence nous rend nôtre liberté toute entière, et c'est un fort bon marché.

Je prie Monsieur Cramer de m'envoier sur le champ un éxemplaire broché, ou simplement plié. Je n'ai plus rien, Dieu mercy; tous ceux qui sont venus à Ferney ont tout volé.