1770-09-23, de Voltaire [François Marie Arouet] à Félix François Le Royer d'Artezet de La Sauvagère.

Monsieur,

Une longue maladie, qui est le fruit de ma vieillesse, ne m'a pas permis de vous remercier plus tôt de votre excellent ouvrage.
Il y avait déjà longtemps que je savais quelles obligations vous a l'histoire naturelle et combien vous aimez la vérité. Vous en avez découvert dans votre nouveau livre de très intéressantes qui étaient peu connues: il y en a même qui donnent de grands éclaircissements sur l'histoire ancienne du genre humain, comme les longues et larges pierres qui servaient de monuments à presque tous les peuples barbares, telles qu'on en voit encore en Angleterre; il est à croire que c'est par là que les Egyptiens commencèrent avant que de bâtir des pyramides.

J'ai passé autrefois quelques mois à Ucé, mais les deux momies n'y étaient plus. L'explication que vous en donnez me paraît très vraisemblable: il me semble que l'esprit philosophique s'est répandu sur tout votre ouvrage; on ne peut le lire sans concevoir la plus grande estime pour l'auteur. Je joins à ce sentiment la reconnaissance et le respect avec lesquels j'ai l'honneur d'être,

Monsieur

Vôtre &c.