Monsieur, Un Courier parti de devant Coron en Morée de la part du Cte: Feodor Orlow m'a apporté l'agréable nouvelle qu'après que m'a Flotte eut abordé le 17 Février à Porto Vitello, mes trouppes se joignirent aux Grecs qui désiroit de recouvrer leur liberté.
Ils se partagèrent en deux Corps dont l'un prit le nom de Légion orientale de Sparte et le second celui de Légion du Nord de Sparte; La première s'empara en peu de jours de Passava, de Berdoni et de Misistra qui est l'ancienne Sparte. La seconde s'en alla prendre Calamata, Leontari, et Arcadie. Ils firent quatre mille prisonier Turks dans ses différentes places qui se rendirent après quelque deffense, surtout celle de Misistra fut plus sérieuses que les autres; La plupart des Villes de la Morée sont assiégée. La Flotte s'étoit porté de Porto Vitello à Coron, mais cette dernière Ville n'étoit point prise encore le 29 mars, jour du départ du Courier. Cependant on en attendoit si bien dans peu la réduction qu'on avoit déjà dépêché trois vaisseaux pour s'emparer de Navarin. Le vingt huit on avoit reçu la Nouvelle devant Coron d'une affaire qui s'étoit passé entre les Grecs et les Turks au passage de l'Istme de Corinthe. Le comandant Turk a été fait prisonier à cette occasion mais on n'en avoit point encore de détail, et Je me hâte de Vous doner ses bonnes nouvelles monsieur parce que je sai qu'elles Vous feront plaisir et que cela est bien autentiques puisque cela me vient directement. Je m'acquite aussi par là de la promesse que je Vous ai faite de Vous comuniquer les nouvelles que j'aurai. Soyéz assuré monsieur de l'invariabilité de mes sentimens.
Caterine
ce 27 May [7 June n. s.] 1770
Voilà la Grece au point de redevenir libre mais elle est bien loin encore d'être ce qu'elle a été; cependant on entend avec plaisir nomer le lieu dont on nous a tant battu les oreilles dans notre enfance.