à Geneve le 20 mars 1770

J'ai reçu m. la Lettre que vous avez pris la peine de m'écrire et le paquet qui y étoit joint que j'ai remis à M. De Voltaire.
Il m'a parû fâché de voir venir de si loin un paquet de cette grosseur par la Poste quoique ce ne dût pas être lui qui en payât le port. Il vouloit m'engager à vous le renvoyer sur le champ sans l'ouvrir selon son usage, par la même voye, mais je lui dis que je trouverois bien moyen de vous le faire parvenir par quelque voye sûre, que vous aviez sans doute imaginé que je ne payois pas de ports de Lettres et qu'au bout du compte 14^lt et quelques sols ne me ruineroient pas. Il y a environ 15 Jours que ceci se passoit. Avant hier j'allai à Ferney, je redemandai votre M. S. à M. de V. et sans qu'il s'expliquât clairement j'ai vû qu'il ne vous avoit pas pardonné l'envoy d'un si gros paquet. Je l'ai cependant prié M. de me remettre votre ouvrage que j'aurai soin de vous faire parvenir par la voye que vous m'indiquez. M. de Voltaire ne lit pas toujours.

J'ai l'h^r d'être très sincèrement M.