1770-02-14, de Voltaire [François Marie Arouet] à Joseph Audra.

Je suis plus étonné que jamais, mon cher philosophe, de n'avoir aucune nouvelle de Sirven.
Mr De La Croix avait eu la bonté de me mander qu'il travaillait à un mémoire en sa faveur, mais que ce Sirven voulait faire l'entendu, et qu'il dérangeait ses mesures. Je commence à croire qu'il a pris son parti, et qu'il ne songe qu'à rétablir le petit bien qu'on lui a rendu. Il a ses deux filles à quelques lieues de moi. S'il veut avoir ses deux filles auprès de lui, je leur donnerai de quoi faire leur voiage honnêtement; si le père a besoin d'argent je lui en donnerai aussi pour achever de réparer ses malheurs.

Je vous demande en grâce de vouloir bien faire mes compliments et mes remerciements à Mr De La Croix, et de l'assurer de la véritable estime que je conserverai pour lui toute ma vie.

Qu'est devenue vôtre histoire universelle? est-elle imprimée? êtes vous toujours bien content de Toulouse? avez vous reçu un petit paquet que j'adressai pour vous à Lyon il y a quelques mois, à l'adresse que vous m'avez donnée?

Je vous embrasse sans cérémonie en philosophe et en ami.

V.