19e juin 1770
Mon très cher Philosophe, vous m'avez racommodé avec Sirven.
Je vois avec plaisir qu'il poursuit son affaire. Je ne doute pas qu'un homme aussi sage et aussi éloquent que Mr De La Croix ne lui fasse remporter une victoire entière. Tous les honnêtes gens lui aplaudiront. Dites lui, je vous prie, qu'il ait la bonté d'adresser son mémoire à Mr Vasselier, premier commis de la poste de Lyon. Il ne serait pas mal qu'il y en eût deux exemplaires dans le paquet, l'un pour Mr Vasselier, l'autre pour moi. Je préviendrai Mr Vasselier que l'un de ces mémoires est pour moi. Vive désormais le parlement de Toulouse!
Je dois vous dire que j'ai prié Mr De La Croix de gronder Sirven d'avoir été six mois entiers sans écrire à ses filles.
A l'égard de vôtre sage hardiesse, vous n'avez rien à craindre. Il n'y a pas un mot dans vôtre abrégé sur lequel on puisse vous inquiéter. On sera fâché, mais comme les plaideurs qui ont perdu leur procez. Vous avez d'ailleurs un archevêque qui pense comme vous, qui est prudent comme vous, et qui sera bientôt de l'académie. Il ne ressemblera point du tout à Messire Lefranc De Pompignan.
Je vous demande vôtre bénédiction, mon cher docteur de Sorbonne, et je vous donne la mienne en qualité de capucin.