24e 7bre 1769, à Ferney
Mr,
Aiant écrit au juge des Sirven nommé par vous une Lettre dans laquelle il a fallu que vôtre nom se trouvât, j'ai cru qu'il était de mon devoir de vous en envoier la copie ainsi que du billet que j'écris à Sirven, et si le juge subalterne n'ose pas faire rendre ce billet à un accusé qui est en prison, c'est à vous, Mr, que je dois avoir recours, et je vous conjure de vouloir bien ordonner que ce billet lui soit rendu pour consoler et encourager un innocent très malheureux que l'horreur de la prison et la longueur des formes peuvent jetter dans le désespoir.
Je n'ai aucune recommandation auprès de vous, mais vôtre équité me suffit.
Je ne prendrai point la liberté de vous parler du fond de l'affaire, vous la connaissez mieux que moi, et je ne pourais que répéter ce que j'ai dit dans ma Lettre à mr Astruc. Permettez moi seulement de vous assurer que si mon âge et ma santé me permettaient d'aller à Toulouse je viendrais implorer vos bontés pour Sirven; et je présume que je les obtiendrais d'un coeur aussi juste et aussi généreux que le vôtre.
J'ai l'honneur d'être avec bien du respect.