1769-05-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à Henri Rieu.

Mon cher ami, ce que vous me proposez est très faisable.
Je serai charmé d'obliger Pellet. Il pourrait faire un petit volume de pièces fugitives honnêtes qu'on lui fournirait; nous en conférerons la première fois que vous serez assez bon pour venir chez le solitaire malade.

Il est bien étonnant que messieurs de Fournes, pour qui Grasset travaille depuis si longtemps, abandonnent cette pauvre famille à une persécution aussi cruelle; on le punit pour avoir imprimé la lettre de Rillet et Rillet ne l'a pas payé. En vérité on devrait avoir pitié de ce pauvre homme qui a quatre enfants et qui va mourir de faim. Je ne doute pas que vous ne fassiez tout ce qui sera en votre pouvoir pour lui rendre service. Il y a bien des corsaires dans ce monde, mais il n'y en a point qui ait le cœur aussi bon que vous.

Je vous embrasse bien tendrement.

V.