20e janv: 1769
Ma chère nièce, vous recevrez incessamment, deux paquets que vous aporte Mr Desfranches, l'un contient de petites apostilles sur l'affaire de Guimon de La Touche, l'autre regarde vôtre terre de Ferney, et vous y trouverez un mémoire que vous pourez envoier à Mr Gayot.
Je crois que vous pouvez m'écrire avec liberté par la voie de mr Marin. Les lettres contresignées chancelier ne sont jamais ouvertes, et d'ailleurs une liberté sage n'est jamais dangereuse.
Est-il vrai que le lit de justice n'a pas été bien reçu dans Paris? Est-il vrai que le public soit indisposé contre Mr le Duc De Choiseul, et désaprouve hautement la guerre de Corse? Est-il vrai qu'on ait suprimé la caisse d'escompte que mr De la Borde avait formée? Voilà de ces choses qu'on peut mander avec la discrétion requise, sans rien risquer, surtout quand est mêlé avec les affaires de La Touche et de la Comédie.
Dites moi surtout des nouvelles de vôtre santé qui m'intéresse beaucoup plus que La Touche et made Vestris. Bonsoir, ma chère nièce, vôtre ancien ami vous embrasse très tendrement.