1767-10-01, de Voltaire [François Marie Arouet] à François Gabriel Le Fournier, marquis de Wargemont.

Je venais, Monsieur, d'écrire à Made La comtesse De Beauharnois, lorsque je reçois la Lettre dont vous m'honorez du 24e septembre.
Je vous confirme ce que je dis à Made De Beauharnais, que je suis à vos ordres jusqu'au dernier moment de ma vie.

La facétie dont vous avez vu une faible répétition a été jouée bien supérieurement. Tous les acteurs vous regretaient, car c'est à vous qu'on veut plaire. On regretait bien aussi les officiers de la légion de Soubise; il n'y a point de corps mieux composé. Tel maître telle légion.

Je suis bien honteux, Monsieur, des peines que je vous ai données; je vous en demande pardon autant que je vous en remercie. Je ne sais pas trop où demeure Thiriot, tout ce que je sais, c'est qu'il est correspondant du Roi de Prusse. C'est une fonction qui ne lui produira pas des pensions de la cour. Si vous vouliez avoir la bonté d'ordonner à vôtre secrétaire de mettre le paquet pour Thiriot dans celui de D'Amilaville, et de l'envoier sur le quai St Bernard au bureau du vingtième, il serait sûrement rendu. D'Amilaville n'est que le premier commis des vingtième; mais c'est un homme d'un mérite râre, et d'une philosophie intrépide. Il a servi, et s'est distingué par son courage. Il se distingue aujourd'hui par un zèle éclairé pour la philosophie et pour la vertu. C'est un homme qui mérite vôtre protection.

Tout ce qui habite mes déserts vous présente ses hommages. Recevez, Monsieur, avec la bonté à laquelle vous m'avez accoutumé, mes très sincères et très tendres r͞espects.

V.