1767-08-18, de Voltaire [François Marie Arouet] à Charles Augustin Feriol, comte d'Argental.

Bénis soient dieu et mes anges! Puisque made Dargental se porte mieux je suis assez hardi pour envoyer deux exemplaires des Scythes.
Je n'en envoie que deux pour ne pas trop grossir le paquet. J'en ai adressé quatre à mr le duc de Praslin, et trois à mr le duc de Choiseul. J'en ferai venir tant qu'on voudra, on n'a qu'à commander.

Dès que made D'Argental sera en pleine convalescence, et qu'elle pourra s'amuser de balivernes, adressez vous à moi, je vous amuserai sur le champ; cela est plus nécessaire que des juleps de cresson. Elle a essuyé là une furieuse secousse; pour moi je ne sais pas comment je suis en vie avec ma maigreur qui se soutient toujours, et mon climat qui change quatre fois par jour. Il faut avouer que la vie ressemble au festin de Damouclès; le glaive est toujours suspendu.

Portez vous bien tous deux, mes divins anges. Le petit ermitage va faire un feu de joie.

V.