[c. 8 July 1767]
Je vous supplie Monseigneur de lire attentivement ce mémoire.
Vous savés que j'ay rendu quelques services aux protestans. J'ignore s'ils les ont méritez, mais vous m'avouerés que la Baumelle est un ingrat.
Je soumets ce mémoire à vos lumières et la vérité à votre protection. Vous serés indigné quand vous verrez tant de calomnies et d'horreurs rassemblées, et ce que nous avons de plus auguste avili avec tant d'insolence. On n'oserait imaginer qu'un tel homme pût calomnier la cour impunément. Il est dans le pays de Foix à Mazere. Peut être un mot de vous pourait le faire rentrer en lui même.
Gallien attend toujours la décision de son sort. Il a un frère âgé de quatorze ans tout auplus, qui a été au Canada, à Alger, à Maroc en qualité de mousse. Il est de retour, est venu voir son frère ici, il y a resté sept ou huit jours et ensuite avec une petite pacotille il est retourné en Dauphiné chez ses parens où l'ainé l'aurait bien voulu suivre à ce qu'il m'a paru, pour peu de temps.
Peut être ne savez vous pas que j'ai donné la terre de Ferney à madame Denis et que je ne m'y suis réservé que la douceur de finir dans mon obscurité une vie mêlée de bien des chagrins, comme l'est la carrière de presque tous les hommes. Ce n'est qu'avec cette triste vie que finira le tendre et très respectueux attachement que je vous ai voué jusqu'à mon dernier moment. Je vous supplie instamment de me conserver vos bontez, elles me sont nécessaires par le prix que mon cœur y met, elles sont la plus chère consolation du plus ancien serviteur que vous ayez.
V.