25 juin 1767
Je reçois votre lettre du 12 juin qui m'apprend une nouvelle méchanceté du poète contre vous . . . .
Ce que vous m'apprenez se lie avec ce qu'un de nos proposants me dit, il y a peu de jours, que quelqu'un agissant pour le seigneur de Fernex, avait demandé au préteur des proposants une note sur votre compte tirée du livre des matricules qui est à sa disposition, pour savoir si vous n'y aviez pas été inscrit comme étudiant en théologie, et si vous n'aviez pas fait quelque prédication. Il répondit qu'il avait trouvé votre nom inscrit dans un tel temps, et qu'il avait ouï dire que vous aviez une fois récité une proposition à l'hôpital. Je crois qu'il eut la mauvaise complaisance de le mettre par écrit. Si j'avais été appelé à conseil, j'aurais détourné cela, attendu que la personne n'avait aucune qualité pour faire une telle demande et qu'il fallait s'adresser aux supérieurs . . . . Il est bon cependant que vous sachiez à quoi cela se réduit . . . . Il se peut que d'avoir récité une proposition à l'hôpital soit pris pour avoir fait un acte du saint ministère par gens qui ne connaissent pas nos usages; mais ce n'est là qu'un essai de simple étudiant. — Sans doute il y aura eu aussi quelque enquête sur votre conduite, mais on ne saurait rien trouver à cet égard qui vous fasse tort. [If Voltaire cited the register of the Company of pastors La Beaumelle could easily obtain a denial from the Company. As for the allegations made concerning La Beaumelle and Boisy] c'est là une pure fausseté . . .et m. de Boisy n'a pas manqué de déclarer à qui a voulu l'entendre que cet allégué était faux. Je ne pense pas que vous puissiez vous adresser ici pour faire une enquête juridique, parce que Fernex est en France, et que son possesseur est censé n'avoir rien à faire sur notre territoire où en effet il n'a pas mis le pied depuis trois ans. Il faudrait plutôt l'attaquer à Gex. — Mais ce qu'il vous convient absolument d'avoir, c'est un désaveu écrit de m. de Boisy . . . .Il faut lui adresser vous même une lettre . . .et ne pas tarder à le faire parce que ce bon gentilhomme est atteint d'une hydropisie qui menace de l'emporter dans l'automne.
Je m'offrirais d'être moi même votre commissaire, si je n'avais des raisons particulières de ne point me mêler de ce qui concerne notre indigne voisin, lequel, après m'avoir toujours prévenu de civilités, m'a mis dans l'obligation de réfuter ses impiétés et ne me l'a point pardonné. Si bien qu'il lâcha aussi contre moi, il y a un an, un libelle plein de mensonges et d'impertinences; à quoi j'ai dù opposer, uniquement sur les faits qu'il falsifiait, un mémoire justificatif . . .que je voudrais bien pouvoir vous faire parvenir.
C'est dommage que les avenues pour nous communiquer bien des choses soient fermées entre vous et nous. Du reste, disposez de moi.
J'espère qu'au point de maturité qu'a acquis votre génie, vous pourrez rendre de bons services à la vérité. Cette idée m'attache encore davantage à vous . . . .