27e avril 1767
Si vous aviez pu, monsieur, conserver les planches comme vous m'en aviez flatté, je vous causerais moins d'embaras.
Mais je vous demande en grâce de me sacrifier ce qui peut vous rester de vôtre première édition et d'en faire une autre en petit caractère avec des règlets et une très grande marge. Elle ne contiendra probablement que cinq feuilles tout au plus in 8e. J'en prendrai deux cent éxemplaires pour Les cent écus que vous deviez donner à La Kain; et je me charge encor une fois de lui donner ces cent écus de ma bourse.
Je vous prie de prendre chez Mr D'Argental l'éxemplaire corrigé que je viens de lui envoier. Il y a environ une douzaine de lignes, tout au plus, à porter de cet éxemplaire sur le vôtre. Il y a la valeur de 86 vers de corrigés dans toute la pièce. Voiez si vous voulez me faire ce plaisir. On en fait de nouvelles éditions en plusieurs endroits. Vous pouvez aisément tirer cinq cent éxemplaires de la nouvelle que je vous demande, et si vous y perdez, je suis prêt à vous dédommager, vous n'avez qu'à parler.
Vous m'aviez parlé il y a quelques mois de certains petits chapitres. Il me semble que vous n'avez plus cette idée. Un petit recueil de contes serait peut être plus aisé à faire. Zadig, Candide, Memnon, le Bramin et la vieille, la fée Urgelle etca pouraient faire deux volumes que vous vendriez bien si je ne me trompe. Mais actuellement je vous demande une nouvelle édition des Scithes. J'attends celà de vôtre amitié. Il me sera plus flatteur d'être imprimé par vous que par les éditeurs hollandais et par ceux des provinces.
Je finis selon ma coutume par les sentiments de l'amitié, sans formules inutiles.
V.